La perte d'un conjoint représente une épreuve émotionnelle considérable, souvent accompagnée de questions patrimoniales complexes. En droit belge, l'usufruit du conjoint survivant constitue une protection essentielle permettant au partenaire restant de continuer à jouir des biens du défunt. Cependant, ce mécanisme juridique soulève de nombreuses interrogations pratiques concernant sa portée, sa durée et sa conversion éventuelle, en particulier lorsque la succession porte sur des investissements financiers.
Nous avons récemment consacré un blog à la question de l’usufruit, dans lequel vous trouverez des explications détaillées. En résumé:
Pour les couples mariés, lorsqu'un époux décède en laissant des enfants mais pas de testament, le conjoint survivant hérite automatiquement de l'usufruit de l'ensemble du patrimoine du défunt, tandis que les enfants reçoivent la nue-propriété de ce même patrimoine. Cette répartition s'applique tant aux biens propres du défunt qu'à sa part dans les biens communs ou indivis.
En l'absence d'enfants et de testament, le conjoint survivant reçoit l'usufruit sur les biens propres du défunt et la pleine propriété de la part du défunt dans le patrimoine commun. Les autres héritiers (parents, frères, sœurs ou neveux du défunt) reçoivent alors la nue-propriété des biens propres du défunt.
Les cohabitants légaux bénéficient de l'usufruit du logement familial et des meubles qui le garnissent. Contrairement aux couples mariés, cette protection est plus limitée et ne s'étend pas à l'ensemble du patrimoine. Pour les autres biens, les héritiers légaux (enfants, parents, etc.) héritent en pleine propriété.
Il est possible de déroger à ces dispositions légales par testament. Mais attention: en droit successoral belge, la part réservataire garantit une part minimale de l’héritage à certains membres de la famille du défunt - cette part ne pouvant être supprimée par testament. Ainsi, la réserve du conjoint survivant est d'au moins l'usufruit de la moitié de la succession et cette réserve doit comprendre au moins l'usufruit de l'habitation familiale et des meubles qui la garnissent.
Dans la majorité des cas, c'est le décès de l'usufruitier qui met fin à l'usufruit, permettant au(x) nu(s)-propriétaire(s) de retrouver la pleine propriété des biens. Dans l’intervalle, la coexistence entre usufruitier et nu(s)-propriétaire(s) peut s’avérer difficile. Dans ce cas, la conversion d’usufruit est une solution pratique, puisqu’elle consiste à transformer l’usufruit en un autre avantage économique équivalent.
La conversion peut prendre plusieurs formes:
Tant l'usufruitier (conjoint survivant) que les nus-propriétaires (enfants ou autres héritiers) peuvent demander la conversion d’usufruit, l’idéal étant qu’il s’agisse d’un souhait conjoint des deux parties. Certaines personnes disposent d'un droit de veto contre la conversion:
En l'absence d'accord entre les parties, c'est le tribunal qui tranchera en tenant compte des intérêts de chacun.
Pour les biens immobiliers, la valeur de l'usufruit dépend principalement de deux facteurs: l'âge de l'usufruitier - plus il est jeune, plus l'usufruit est valorisé - et la valeur estimée du bien sur lequel porte l’usufruit. En pratique, les tables de conversion d'usufruit servent souvent de base de négociation. Selon ces tables, la valeur de l'usufruit est calculée comme un pourcentage de la pleine propriété, dégressif avec l'âge. « Les tables actuarielles, comme les tables Jaumain ou les tables Ledoux, sont plus couramment utilisées que les tables légales et fiscales, précise Julien Limet, avocat spécialisé en planification successorale chez Tetralaw, dans le département de droit fiscal du cabinet. Les tables légales en particulier ont tendance à minimiser le taux d’intérêt du marché et à réduire fortement la valeur de l’usufruit à partir de 70 ans, ce qui n’est plus le reflet de la réalité. » Notez que le rachat de l’usufruit sur un bien immobilier doit se faire devant notaire.
La gestion de l'usufruit sur un portefeuille d'investissement varie considérablement selon la nature des fonds. Dans le cas d’un fonds de distribution, la situation est relativement simple à gérer: les dividendes versés régulièrement reviennent à l’usufruitier et la valeur du capital reste aux nus-propriétaires. Pour les fonds de capitalisation, étant donné que les plus-values sont réinvesties automatiquement et que l’usufruitier ne perçoit aucun revenu direct, la situation est plus complexe.
En l'absence de dispositions préalables, les héritiers (usufruitiers et nus-propriétaires) peuvent négocier un accord définissant :
Cet accord, formalisé par écrit, permet d'éviter des conflits ultérieurs tout en respectant l'esprit de la loi successorale. L'acte notarié n'est pas obligatoire dans ce cas.
Easyvest propose une solution efficace en cas de succession sur des biens mobiliers :
Cette approche permet de bénéficier pleinement des avantages de nos stratégies d'investissement à long terme basées sur la capitalisation, tout en respectant les droits de chaque partie et en garantissant au conjoint survivant un revenu régulier. Que le démembrement intervienne suite à une succession ou en préparation à la succession, nos wealth managers sont là pour vous conseiller en la matière.