Après une année en dents de scie sur les marchés, 2023 s’est achevée sur une très belle progression, tant pour les actions que les obligations. La raison? Une baisse de pression bienvenue à plusieurs niveaux: l’inflation commence enfin à refluer et les marchés s’attendent à ce que les banques centrales procèdent à des baisses de taux courant 2024. Retour sur les événements marquants de 2023 et sur ce magnifique rallye de fin d'année, qui a permis une clôture à +16,6% pour les actions et +6,3% pour les obligations.
Déjà refroidis par 2022, les investisseurs démarrent 2023 assommés par une faillite bancaire qui fait temporairement perdre 7% au marché des actions. La Silicon Valley Bank, une banque californienne prisée par les start-up de la tech, voit sa solvabilité mise à mal par la hausse de taux. Cette tension ravive les souvenirs de la crise de 2008, et pousse les clients de SVB à retirer massivement leurs liquidités. Un vent de panique submerge les épargnants américains, propageant les retraits à d’autres institutions du pays. Heureusement, les filets de sécurité mis en place depuis 2008 protègent le système bancaire américain et mondial de la contagion. Il ne faut que 2 mois aux actions pour reprendre des couleurs.
Après la flambée des prix de l’énergie due au conflit en Ukraine et à l’embargo européen sur le gaz russe, l’hiver 2023 se passe finalement sans encombre. Les températures clémentes, la forte baisse de la consommation et les réserves de gaz accumulées par tous les pays européens permettent de stabiliser les prix. Fin 2023, le cours du gaz sera trois fois inférieur à ce qu’il était un an plus tôt. Cette baisse est salvatrice pour les marchés financiers et contribue largement à ramener l’inflation à des niveaux acceptables.
En milieu d’année, l’inflation, qui avait atteint des sommets en octobre 2022 à plus de 12%, commence enfin à se normaliser sous l’effet combiné des hausses de taux et de la baisse des prix de l’énergie. Ceci laisse présager une stabilisation, voire une baisse des taux de la part des banques centrales. Anticipant les effets bénéfiques du changement de politique monétaire à venir, les actions et les obligations reprennent des couleurs dès le mois de juin. La Fed augmente pour la dernière fois son taux directeur en juillet 2023, tandis que la Banque Centrale Européenne attend le mois de septembre. En 2 mois, les bourses mondiales gagnent 7% et flirtent une première fois avec les sommets.
Le taux directeur de la Banque Centrale Européenne commence 2023 à 2,5% et atteint progressivement 4,5% mi-septembre dans un effort de juguler l’inflation. Si cette hausse drastique des taux fait d’abord perdre jusqu’à 5% aux obligations, celles-ci finiront l’année sur une belle hausse de 6% et retrouvent par ailleurs leur raison d’être: un produit financier peu risqué qui offre un rendement stable, bien utile pour solidifier un portefeuille d’investissement. Après des années de taux proches de zéro, les obligations redeviennent désormais plus attractives.
Alors que la guerre s’enlise en Ukraine, le monde assiste impuissant à une reprise sanglante du conflit Israélo-palestinien avec comme épicentre la bande de Gaza et sa périphérie. Malgré la gravité de la situation et l’intensité du conflit, les marchés restent impassibles, les actions gagnant même 2% les premiers jours. Cette absence de réaction tient au fait que, tout comme pour le conflit ukrainien, le poids de la région sur la carte boursière mondiale est très limité et que le risque de contagion du conflit est circonscrit.
Certes, l’Union Européenne connaît des niveaux de croissance proches de zéro, voire négatifs en Allemagne, mais la récession annoncée n’a pas lieu. Outre-Atlantique, la croissance est même largement positive à +3,1% du PIB sur l’année, déjouant les pronostics et profitant à la bourse américaine. En définitive, le scénario du « soft landing » sur lequel misaient les banques centrales semble se concrétiser. La récession a été évitée, le taux d’emploi atteint des sommets et l’inflation se normalise enfin autour de 3%.
Il faut attendre la fin du mois de décembre pour que les marchés se décident enfin à franchir leur plafond historique de janvier 2022. À 4 reprises pourtant, (avril et août 2022, juillet et septembre 2023), on avait frôlé le seuil fatidique… mais les marchés restaient frileux, tendus par les niveaux encore trop élevés d’inflation et de taux d’intérêt. L’euphorie de fin d’année aura finalement eu raison des derniers remparts, essentiellement psychologiques, à la croissance des marchés. Après un magnifique rallye de fin d'année débuté en novembre, l'année se finit en beauté avec rendement total de +16,6% pour les actions et +6,3% pour les obligations.