Le spectre de la récession hante nos fils d’info, nos journaux et nos télévisions. Spectre, c’est le mot : la chose fait peur en même temps qu’elle est insaisissable. Mais les récessions font partie intégrante de l’Histoire, et les marchés les ont presque toujours anticipées. Fort de cette expérience, l’investisseur peut, si pas s’en prémunir, au moins appréhender la situation avec sang-froid.
La récession est une période de recul temporaire de l'activité économique d'un pays. Le plus souvent, on parle de récession si l'on observe un recul du Produit Intérieur Brut (PIB) sur au moins deux trimestres consécutifs.
Compte tenu de cette définition, on ne peut officiellement parler de récession que lorsqu’elle a déjà lieu – c’est-à-dire lorsque la croissance économique a été négative durant deux trimestres consécutifs. De ce fait, en tant qu’investisseur, il est très difficile d’anticiper les récessions.
Les récessions font partie intégrante de l’Histoire. Depuis 1857, les récessions ont eu lieu en moyenne tous les 39 mois et durent en moyenne 18 mois. Si l’on observe une période plus courte démarrant après la seconde guerre mondiale, la fréquence et la durée des récessions a tendance à diminuer : le phénomène se produit depuis lors quasiment tous les 5 ans et dure un peu moins d’un an en moyenne.
L’évolution des marchés financiers a montré par le passé que les bourses anticipent les périodes de décroissance économique que sont les récessions. Le plus souvent, on observe un pic boursier 4 mois avant la récession, suivi d’une chute annonciatrice.
En réalité, les marchés anticipent la plupart des événements importants, que l’issue soit positive ou négative. On l’a vu avec la hausse des taux : les marchés l’avaient intégrée avant même qu’elle ne survienne, ajustant les prix à la baisse avant que les Banques Centrales ne relèvent effectivement leurs taux. Dans un registre plus positif, on lit régulièrement que les marchés « anticipent les bons chiffres de l’emploi aux États-Unis » ou « anticipent les bons résultats » de telle ou telle entreprise.
Comment peut-on expliquer la capacité d’anticipation des marchés ? Notamment par ce que l’on appelle la « sagesse de la foule » ou l’intelligence collective. Cette théorie prouve que dans l’appréhension d’un problème, un grand nombre d’amateurs sera toujours plus performant que n’importe quel individu, même expert, pour autant que leurs opinions soient variées et indépendantes les unes des autres. Cette théorie soutient l’autre grande théorie d’efficacité des marchés. Même si l’une comme l’autre ne sont pas infaillibles (entre autres en raison des biais cognitifs), elles expliquent une bonne part du fonctionnement des marchés.
Et puisque les marchés ont tendance à tout anticiper, ils rebondissent généralement aussi avant la fin des crises. Pour l’investisseur, cela signifie qu’il ne faut pas nécessairement attendre que la situation s’améliore pour commencer à investir. Au contraire : afin de profiter pleinement du rebond, mieux vaut investir « dans le creux de la vague ».
La recommandation est d’autant plus utile qu’après une récession, les marchés ont souvent tendance à rebondir fortement. En effet : pour chaque année démarrant 6 mois avant la fin des récessions représentées sur le graphique ci-dessus, le S&P 500 a monté de plus de 10% en moyenne. Investir ou rester investi durant une récession est donc la meilleure chose à faire pour ne pas manquer le rebond à venir.