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Camille Van Vyve

Camille Van Vyve

31 Jul 2023
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"Il faut revenir à l’esprit originel de l’investisseur"

C’est quoi, au fond, un "investisseur"? Un technicien ou un bon père de famille ? Un joueur de casino ou un entrepreneur ? Discussion avec Luc de Brabandere, philosophe d’entreprise et fellow du BCG Henderson Institute.

Selon le philosophe Luc de Brabandere, l'investissement à court terme est un oxymore.

Les Grecs voyaient l’investisseur comme celui qui administre avec sagesse son bien, son capital, son foyer. Avec le temps on a perdu cette image de l’investisseur "bon père de famille" au profit de l’investisseur "technicien". Pourquoi ?

Il y a 50 ans, j’ai commencé ma carrière dans la banque. A l’époque, la star, c’était le directeur des crédits. En exagérant un peu, dans le milieu, ou vous deveniez le directeur des crédits, ou vous aviez raté votre vie ! Par la suite, on a construit une salle des marchés, pour laquelle j’ai pris la direction des systèmes informatiques. Et quinze ans plus tard, la star, c’était devenu le trader ! J’ai littéralement vu cette transformation s’opérer sous mes yeux. Le "deal" a détrôné l’investissement. Une fonction essentielle a perdu de son importance au profit d’une autre qui, au travers de l’ingénierie financière, s’est retrouvée totalement déconnectée de l’économie réelle.

Selon vous, c’est une bonne ou une mauvaise chose ?

C’est une mauvaise chose ! Je pense que le métier d’investisseur est aliéné et qu’il faut revenir à l’esprit originel de l’investisseur, revenir à l’esprit du "credit man". Celui-là pense dans le long terme, il connaît son métier, il a une posture responsable. D’ailleurs pour moi, "l’investissement à court terme", c’est un oxymore ! On est plus proche du casino, ce n’est plus de l’investissement. Au casino, on "mise" sur un numéro, on n’"investit" pas sur ce numéro. On est dans le pari, qui est l’antithèse de l’investissement.

Dans la Bible, la parabole des talents condamne celui qui enterre son argent, celui qui thésaurise. A contrario, celui qui prend du risque et qui obtient du rendement est félicité.

Pour moi aussi, la liberté d’entreprendre, c’est sacré ! Et entreprendre, c’est précisément s’investir – investir sa personne – donc forcément se soucier du long terme.

L’investissement suppose un rapport positif au temps. Si on ne s’attend pas à ce que le futur soit meilleur que le présent, il n’y a pas de raison d’investir ! Mais les perspectives actuelles, notamment climatiques, ne sont pas très réjouissantes… Faut-il pour autant arrêter d’investir ?

Il faut trouver les formes d’investissement qui ont le plus de chances de réconcilier économie et écologie, les deux étant aussi importantes l’une que l’autre. Je crois qu’il faut continuer à entreprendre, et donc à investir, en tenant compte des limites de la planète. Le modèle dans lequel je crois est l’ "entreprise à mission".

Chez Easyvest, on préconise l’investissement dans le marché global, pour le long terme, sans miser sur l’une ou l’autre action, l’un ou l’autre secteur, l’une ou l’autre géographie.

Cela veut dire que vous croyez dans un monde qui parviendra à concilier économie et écologie. Et vous croyez que personne ne bat le marché à long terme, ce qui est tout à fait rationnel. En tout cas l’inverse ne l’est pas ! Cela me fait penser à cette boutade : "La majorité des gens pense qu’elle conduit mieux que la moyenne". C’est évidemment impossible !

Et vous, quel type d’investisseur êtes-vous ?

J’investis dans votre génération, celle de mes enfants, ceux qui ont 30 ou 40 ans. Je pense que ma génération est très responsable vis-à-vis de la vôtre. On a tout eu mais on a endetté le monde, financièrement et écologiquement. Quand on est arrivé sur le marché de l’emploi, le chômage n’existait pas ! Donc, premièrement, j’encourage dans la mesure de mes moyens des projets de long terme portés par la génération qui me suit, comme Cartoonbase ou la coopérative Ma Ferme près d'Enghien. Deuxièmement, j’investis dans l’éducation en enseignant à l’université. Et enfin, j’investis dans la nature en plantant des arbres. J’en ai planté 500 avec mon épouse quand nous étions jeunes mariés, et 2000 il y a 10 ans sur un terrain voisin du mien que j’ai eu la chance de pouvoir acheter. Tout ça, c’est du concret, et surtout du long terme !

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