Alors que le bon d’État émis par la Belgique en 2023 est arrivé à échéance, une étude de l’Université de New York retient notre attention. Cette dernière, qui compare les rendements de plusieurs classes d’actifs entre 1928 et 2022, met en lumière un écart de rendement colossal entre les actions et les obligations d’État. Avis aux épargnants qui avaient souscrit à l’emprunt public belge: c'est peut-être le moment de mettre en place une stratégie plus efficace sur le long terme !
Sur l’ensemble de la période étudiée, soit près d’un siècle, l’écart de rendement entre les actions et les obligations est colossal: en moyenne, les actions ont généré 8,27% de rendement annuel, contre 1,88% pour les bons d’État. Et ce même en tenant compte de la crise de 1929 et de la Grande Dépression. En valeur absolue, les chiffres donnent le tournis: si vous aviez investi 100 dollars dans le S&P 500 en 1928, vous auriez récupéré 625.000 dollars en 2022… contre seulement 7.000 pour un investissement en obligations !
Évidemment, rares sont ceux qui ont la capacité d’investir sur 100 ans. Mais les écarts restent impressionnants sur des périodes plus courtes. Entre 1973 et 2022, les actions ont rapporté 7,56% par an contre 2,63% pour les obligations, et entre 2013 et 2022, le rapport passe de même à 10,78% contre -1,91% !
Certes, les données présentées dans cette étude sont américaines, et donc libellées en dollars. Mais il aurait été impossible d’obtenir des données en euros sur une si longue période de temps. Par ailleurs, les données de référence utilisées – le S&P 500 pour les actions et le bon du Trésor américain à 10 ans pour les obligations – donnent une bonne indication des écarts qui seraient observés sur des classes d’actifs comparables en Europe.
Notez que pour le S&P 500, c’est le rendement total qui a été étudié, c’est-à-dire incluant les dividendes. Le rendement annuel ne tient donc pas uniquement compte de l’appréciation de la valeur des actions, mais aussi du réinvestissement systématique des dividendes versés. Ainsi, l’investisseur en actions profite du phénomène des intérêts composés, qui génère une croissance exponentielle de son capital sur le long terme.
Pour calculer le rendement annuel sur des bons d'État d’une maturité de 10 ans, l’auteur de l’étude est parti du coupon promis en début d’année, auquel il applique une correction liée à la valeur du coupon offert l’année suivante. Pour rappel, la valeur d’une obligation est inversement proportionnelle au taux d’intérêt: si de nouvelles obligations sont émises avec un coupon supérieur à celles qui sont déjà en circulation, la valeur de ces dernières diminue. C’est ce qui s’est passé en 2022 lorsque les banques centrales ont drastiquement augmenté les taux.
Vu l’ampleur de l’écart de rendement observé entre actions et obligations, nous avons dû utiliser, pour notre graphique, deux échelles (logarithmiques) différentes pour chaque catégorie d’actifs. Ce que les courbes mettent essentiellement en évidence, c’est l’évolution de chaque catégorie: plus volatiles, les actions évoluent en dents de scie, mais avec une tendance générale haussière nettement marquée. Plus stables, les obligations sont moins sujettes aux crises… mais offrent sur le long terme un rendement faible.
On ne le répétera jamais assez: à long terme, il n’y a pas de placement plus rationnel que l’investissement indiciel. Les fonds indiciels, ou ETF, répliquent exactement la performance d’indices boursiers comme le S&P 500, et sont par ailleurs peu coûteux. Sachant que personne, pas même Warren Buffet, n’est capable de battre le marché à long terme, il n’y a aucune raison de s’esquinter… et encore moins de foncer tête baissée sur des obligations à court terme dont le rendement est inférieur à l’inflation !