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Camille Van Vyve

Camille Van Vyve

18 Apr 2024
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Histoires de crises et de reprises: la crise de la dette grecque

Affaiblie par la crise économique mondiale de 2008, la Grèce se trouve dans une situation très difficile avec un fort endettement et un fort déficit budgétaire, ce qui est contraire aux principes préconisés par l’Union européenne dont la Grèce fait partie. S’en suivra une « crise de la dette » qui a secoué les marchés… et bien failli faire exploser l’Union.

Histoires de crises: la crise de la dette grecque

Quel est le contexte ?

En 2010, la Grèce est non seulement en difficulté, mais elle est aussi accusée d’avoir occulté sa situation dans la présentation de sa dette publique à l’Europe, ce qui participe à l’aggravation de la crise. Celle-ci n’est plus seulement économique, elle devient aussi politique. Elle atteint un pic quand les difficultés menacent d’atteindre l’Irlande, le Portugal et l’Espagne. A ce moment-là, l’Europe n’a plus d’autre choix que de mettre en place un plan de sauvetage massif.

Un accord historique

Mi-mai, un accord est trouvé avec Athènes, qui obtient des crédits de l’Union européenne et du FMI à hauteur de 110 milliards d’euros sur trois ans. En contrepartie, la Grèce doit appliquer une série de mesures drastiques à son économie, qui seront étroitement surveillées : salaires rabotés dans la fonction publique, hausse de la TVA, renforcement de la flexibilité du marché du travail… mesures qui donneront lieu à des vents violents de contestation sociale.

Assorti d’un nouveau Fonds

Parallèlement à cela, l’Union crée le Fonds européen de Stabilité Financière, doté initialement d’une capacité de 440 milliards d’euros, permettant d’aider financièrement les pays de l’UE en difficulté économique. Ce fonds ne sera cependant ratifié et donc en mesure de fonctionner qu’au mois de décembre, laissant planer pas mal d’incertitude sur les marchés.

Cela ne suffit pas

Au printemps 2011, il semble que ces mesures seront insuffisantes : la Grèce pourrait malgré tout faire défaut. D’âpres discussions démarrent entre les dirigeants européens, certains en faveur d’une restructuration de la dette grecque, d’autres non. L’enjeu n’est pas seulement le sauvetage de la Grèce elle-même, mais aussi de toutes les banques qui la financent.

Les marchés s’enfoncent

Le 25 juillet, l’agence de notation Moody’s dégrade la note de la dette grecque. Le 27 juillet, Standard & Poor’s confirme cette décision. On entre dans un cercle vicieux où les taux d’intérêts augmentent et avec eux, le poids de la dette déjà insurmontable de la Grèce. Du côté des investisseurs, c’est la crise de confiance: ils craignent d’être mis à contribution en cas de restructuration de la dette et que le Fonds de Stabilité ne soit ni suffisamment compétent, ni en mesure de réagir si d’autres grands pays devaient être aidés.

La BCE entre en piste

Pour contrer la baisse des marchés, la Banque Centrale Européenne active son programme de rachat d’actifs (Securities Markets Programme) mis en place en 2010. Courant du mois d’août, elle rachète ainsi de la dette grecque, irlandaise et portugaise afin de réinjecter des liquidités dans le système et rassurer les marchés. Elle rachètera ensuite également de la dette italienne et espagnole.

Restructuration de la dette grecque

Fin octobre, il est convenu, non sans difficultés, que les banques privées abandonneront plus de 50% de la dette qu’elles détiennent sur la Grèce. Ces banques devront ensuite être recapitalisées.

2015 : l’épilogue

Après deux ans de calme, 2015 est marqué par un nouvel épisode tendu avec l'arrivée de SYRIZA au gouvernement grec, élu sur un programme très hostile aux réformes suggérées par les autorités européennes. Après un semestre de négociations, les tensions sont telles que la sortie de la Grèce de la zone euro est envisagée. Le gouvernement d’Aléxis Tsípras organise un référendum le 5 juillet 2015 sur l’acceptation ou non du plan proposé par les créanciers qui se conclut par un « non ». Néanmoins, un plan semblable est finalement accepté dans les jours qui suivent, puis approuvé par le parlement grec.

Tempête dans un verre d’eau ?

Bien qu’ayant fait couler beaucoup d’encre vu les enjeux politiques, la crise de la dette grecque aura finalement eu un impact assez limité sur les marchés. En 2010, entre début avril et fin juin, les marchés ont baissé d’environ 15%. Mi-octobre il avaient déjà récupéré leur niveau d’avant-crise. En 2011, la baisse est d’ampleur similaire, mais la récupération prendra un an et demi. En 2015, le marché des actions reste stable, celui des obligations perd 5% et mettra un an à récupérer. Entre 2010 et 2015, les marchés mondiaux ont augmenté de 45%, boostés par les politiques accommodantes des banques centrales entamées après la crise de 2008 et nettement renforcées en Europe suite aux déboires grecs.

Dette vs bulle, le cercle vicieux

Contrairement aux bulles qui finissent par éclater, les problèmes de dette publique sont généralement plus compliqués à surmonter, entraînant le pays concerné dans un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire. Car lorsqu’un pays est surendetté, il doit mettre en places des politiques d’austérité. Ce faisant, il déprime son activité économique. Si son activité est déprimée, il risque la récession. Et en cas de récession, régler le problème de dette devient quasiment impossible.

Moralité : diversifier !

Bien qu’ayant finalement touché quasiment toute l’Europe, la crise de la dette grecque confirme la nécessité absolue de diversifier son portefeuille, tant en termes de géographies qu’en termes de classes d’actifs. Les investisseurs exposés au marché mondial n’auront finalement pas tant souffert de cette crise… Au final, ils auront même largement profité des politiques non conventionnelles menées à cette époque par la Fed et la BCE, qui ont fortement stimulé l’économie mondiale.

Lire les autres épisodes de la série sur les crises et reprises : la crise de la tulipe, le Black Monday, la guerre du Golfe

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